Le casse-tête des traitements contre la migraine
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EDITORIAL - Double peine pour les Français souffrant de migraine : les derniers traitements disponibles et ayant prouvé leur efficacité ne sont pas remboursés.
Non, face à une migraine sévère, cette douleur pulsatile qui envahit une partie du crâne, « un Doliprane et au lit », cela ne fonctionne pas. Pour les migraineux et leurs neurologues, la
situation relève même souvent du casse-tête. Car bien que disponibles et commercialisés depuis près de huit ans, certains médicaments capables de réduire considérablement le nombre de crises
– et même parfois de les éviter – ne sont toujours pas remboursés. Dernier refus en avril dernier pour l’un d’entre eux.
Comme l’a estimé une étude réalisée par une association de patients, La Voix des Migraineux, certains coûtent même environ 250 euros par mois, soit 3 000 euros par an. Une dépense
conséquente constituant une inégalité majeure dans l’accès aux traitements qui plonge les malades et les médecins dans l’incompréhension. Car dans plus de vingt pays d’Europe, la prise en
charge partielle ou totale est déjà effective.
Un paradoxe résumé par le slogan de l’association : « Quand un médicament pour la migraine est enfin efficace et qu’il n’est pas remboursé, est-ce qu’on ne marche pas un peu sur la tête ? »
Cette complexe maladie neurologique mêlant facteurs génétiques et environnementaux affecte deux fois plus les femmes que les hommes et concerne environ 15 % de la population mondiale. En
France, on estime à 50 000 le nombre de personnes atteintes de formes sévères, plus de huit crises de migraine par mois, en échec des traitements classiques.
Mais ces dernières années, tout a changé avec l’apparition de nouvelles approches. En effet, pendant des décennies, seules des molécules non spécifiques (anti-inflammatoires,
antidépresseurs, antiépileptiques), peu coûteuses mais occasionnant parfois des effets secondaires, étaient disponibles. Or, un pas de géant a été franchi avec l’identification d’une petite
protéine, le CGRP, jouant un rôle clé dans la survenue des migraines. Cette découverte a finalement permis de développer des molécules très sophistiquées, les gépants et anticorps anti-CGRP,
qui bloquent précisément l’action du CGRP et s’administrent par voie orale ou en injections sous-cutanées.
Mais si ces médicaments ont bien démontré depuis 2018 leur efficacité quand on les compare à un placebo lors d’essais cliniques menés auprès de milliers de patients, aucune étude ne les a
comparés aux anciennes molécules, aujourd’hui tombées dans le champ des génériques et bien moins coûteuses. Or, c’est justement ce critère de comparaison qui s’impose en France pour
l’obtention d’un remboursement.
Les multiples réunions entre les industriels et les autorités sanitaires n’ayant pu au cours du temps trouver un quelconque terrain d’entente, l’amélioration du service médical rendu (ASMR),
la note attribuée par la Commission de transparence de la Haute Autorité de santé à ces médicaments, reste limitée, empêchant de facto l’accès au remboursement. Un casse-tête
médico‑économique dont les migraineux se seraient bien passés.
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