Le billet sciences du week-end. La recherche scientifique et la surdité


Le billet sciences du week-end. La recherche scientifique et la surdité

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"Être sourd comme un pot", c’est en réalité plus courant qu’on ne le croit. Six millions de Français souffrent aujourd’hui de surdité. D’ici à 2050, l’organisation mondiale de la santé (OMS)


estime qu’une personne sur quatre sera touchée dans le monde. 


La surdité est en réalité un terme générique qui englobe des expériences sensorielles bien différentes. Elle peut aller d’une déficience légère, la malentendance, à une déficience complète,


lorsque l’on est totalement sourd. Il est possible de naître sourd à cause de facteurs héréditaires et génétiques, ou de perdre l’audition au cours de la vie, suite à une agression sonore ou


à une infection par exemple.  


Le constat est toutefois impressionnant : seules 35% des personnes atteintes d’une déficience auditive sont appareillées et traitées pour leur surdité. Ces dernières décennies, la médecine


et la technologie ont pourtant beaucoup progressé. Les aides auditives se font de plus en plus discrètes, la chirurgie permet des diagnostics plus précis et des interventions plus efficaces.


   


La technique de la conduction osseuse a aussi évolué. L’un des premiers à l’avoir utilisée est le célèbre musicien Ludwig van Beethoven. Devenu sourd à 26 ans, il composait grâce à une


baguette posée sur son piano et serrée entre ses dents.


Aujourd’hui, la conduction osseuse fait l’objet d’implants qui font vibrer la cochlée, ou organe de Corti, située dans la dernière partie de l'oreille interne qui contient les cellules


sensorielles de notre système auditif.  


Les 3 500 cellules sensorielles de l’oreille restent fragiles. Une fois endommagées, il est impossible de les réparer. C’est donc un organe fragile ! Pour préserver son audition, il est


conseillé d’éviter les bruits trop intenses, le son trop fort lors de concerts ou l’écoute de musique dans un casque. Au-delà de 100 dB (décibels), l’intensité sonore devient dangereuse pour


nos oreilles.  


"La nature a prévu des paupières pour se protéger des stimulations intenses comme le soleil, mais elle n’a pas prévu de paupières pour se couper du son. Ce n’est pas le fait d’écouter la


musique trop fort qui est le plus gros problème, c’est le fait de l’écouter longtemps", souligne le docteur Puel. 


Il est également nécessaire de traiter toute infection et de dépister les déficiences auditives dès les premiers signes. L’autodiagnostic est possible. Il y a des applications où on peut


faire des tests auditifs en ligne. Si vous avez un résultat moyen, c’est un signe qu’il faut aller consulter, ajoute le Dr Elizabeth Mamelle.  


Aujourd’hui, on peut conduire une voiture en étant sourd. Pour le pilotage, l’association des pilotes sourds de France y travaille. Ses membres volent en ULM, en planeur, ou en parapente,


mais pour l’avion, la présence d'un pilote valide est exigée, pour "faire la radio”.     


Dans le même temps, les fréquences aériennes sont tellement saturées qu’il est difficile d’échanger avec les contrôleurs aériens. On a donc recours à un système de dialogue qui s'affiche sur


les écrans. Et ce sont les ingénieurs et pilotes sourds qui ont montré la voie, comme quoi le handicap est quelquefois au service de la science.Dans cette vidéo, le président des pilotes


sourds, Henri Corderoy du Tiers, explique avec beaucoup d'émotion comment fonctionne ce système de communication.  


Espérons que la France, berceau de l’aviation, saura comme nos amis américains, donner la possibilité de faire voler nos amis pilotes sourds. En écoutant le témoignage d'Henri Corderoy du


Tiers, on ne peut s'emêcher de penser à la phrase de Saint-Exupéry : "Fais de ta vie un rêve, et de ton rêve, une réalité."