Les médias juifs français à la croisée des chemins | la revue des médias


Les médias juifs français à la croisée des chemins | la revue des médias

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Le paysage médiatique juif français a évolué : la presse n’y joue plus un rôle central. Bien que la radio conserve une présence forte, que les revues en ligne soient nombreuses et les sites


foisonnants, les médias juifs traversent actuellement une période de difficultés.


À la suite de la libéralisation des ondes avec la loi sur les radios dites libres, de l'après 1981, plusieurs radios associatives juives sont créés. À Paris, quatre radios se partagent le


canal du 94.8 FM : Radio J, Radio Shalom, Judaïques FM et Radio Communauté Juive. Chacune dispose de six heures d’antenne par jour et a sa propre rédaction et ligne éditoriale.


Talmudiques, sur France Culture, est présentée par le philosophe Marc-Alain Ouaknin. Cette émission a pris la suite de Maison d'études, du journaliste et écrivain Victor Malka.


I24 : Chaîne de télévision d'information internationale en trois langues (français, anglais, arabe) située à Tel Aviv en Israël et a été lancée en juillet 2013 par l’homme d’affaire Patrick


Drahi.


La presse écrite se définissant comme juive connaît les mêmes transformations et difficultés que les médias papier généralistes en France, avec une baisse importante du lectorat, ici


difficile à mesurer précisément.


La revue a eu Roger Ascot comme directeur de rédaction de 1981 à 1993, puis Meïr Waïntrater de 1993 à 2011. La revue a toujours affiché un fort attachement à l’État d’Israël, tout en


permettant un débat sur les orientations politiques de ses gouvernements.


À la suite de difficultés financières, la revue, propriété du Fonds social juif unifié, a interrompu sa publication pendant plusieurs mois en 2011. À présent dirigée par Salomon Malka et


diffusée à un rythme trimestriel, L’Arche compte notamment Frédéric Encel, Alexandre Adler et Jean-Yves Camus comme collaborateurs réguliers.


Les difficultés économiques ont amené Tribune juive, créé en 1968 avec comme but de rendre compte « de l’actualité dans le monde avec un focus sur Israël, en France, et dans la communauté


juive », à devenir uniquement numérique depuis 2011.


Depuis une quinzaine d'années, une partie importante de la production éditoriale juive se développe sur Internet.


Créé en 2007 par le Fonds social juif unifié, la plate-forme de vidéos en ligne Akadem met à disposition l’enregistrement, accompagné de documents et référence, de conférences universitaires


et cours donnés en France et en Israël sur la religion juive, l’histoire des juifs, de l’antisémitisme et d’Israël. Des magazines sur l'actualité politique, religieuse, cinématographique et


littéraire sont aussi régulièrement mis en ligne. Chaque semaine, plusieurs interprétations de la paracha (la portion hebdomadaire de la Torah qui est lue chaque shabbat) sont proposées par


des psychanalystes, sociologues, philosophes, médecins et rabbins. Akadem propose aujourd'hui plus de cinq milles vidéos.


Créé en 2010, le site Jewpop propose des articles sur la vie culturelle (cinéma, littérature, musique) et politique en lien avec des thèmes juifs. Le site se caractérise par ses nombreux


billets humoristiques et sa rubrique charme.


Le site JSSNews, créé en 2008 par Jonathan-Simon Sellem, propose des articles et tribunes politiques sur l’actualité internationale, en particulier en Israël et en France.


Dans un style analogue, J-Forum, « portail juif francophone », est un acteur de l’internet juif francophone. Ces sites, dont les articles sont parfois abondamment repris sur les réseaux


sociaux, n’ont pas de structure éditoriale précise et ne hiérarchisent pas l’information. Le vocabulaire utilisé tient souvent plus du langage courant que du style de la presse écrite


traditionnelle. L'usage massif de pseudonymes dans la signature des articles et la reprise d'informations non vérifiées font de ces deux sites des sources peu fiables mais révélatrices de


l’évolution du rapport aux médias, tel qu’il s’observe dans de nombreuses sociétés contemporaines.


La version française du site en anglais Times of Israel diffuse des articles quotidiens et indique porter son attention sur l’actualité internationale, en particulier Israël, ainsi qu'à « 


l’évolution des communautés juives de diaspora, et a pour ambition de servir de centre névralgique au monde juif en informant et en mobilisant les membres de la communauté à travers le monde


 ».


Différentes associations publient des magazines, le plus souvent par abonnement.


Le Cercle Bernard Lazare, créé en 1954, est une association se réclamant de la gauche israélienne et du judaïsme français laïc. Son nom est tiré d’un journaliste français israélite qui joua


un rôle pionnier dans le combat en faveur du capitaine Dreyfus. Cette association publie Les cahiers Bernard Lazare.


L’Association pour un judaïsme humaniste et laïque, produit la revue Plurielles, « consacrée à des questions de culture et de société touchant l'identité juive ». De leur côté, les


différents courants religieux publient des médias. Les communautés orthodoxes diffusent plusieurs journaux au format court, comme Kountrass, édité en Israël et diffusé en français. Lancée en


2014, Mikhtav hadash (la « lettre nouvelle ») se présente comme une « revue de réflexions pour un judaïsme ouvert ». Cette publication, aux éditions Hermann, émane du courant dit Massorti.


Le mouvement juif libéral de France diffuse depuis 1981 sa revue, Tenouah, disponible sur abonnement et par internet. Cette revue trimestrielle est dirigée par le rabbin Delphine Horvilleur.


Certaines associations et institutions communautaires publient également des newsletters. Le Consistoire (qui publiait jusqu’en 2016, le journal Informations juives) publie chaque semaine


une « lettre des communautés », le CRIF (Conseil représentatif des institutions juives) envoie une newsletter quotidienne. Les Centre Medem et la Maison de la culture yiddish, deux lieux


parisiens s’inscrivant dans les héritages politiques et culturels des communautés juives disparues d’Europe centrale et orientale, proposent des conférences, des cours de langues (notamment


du yiddish et de l’hébreu) et disposent de bibliothèques. Ces deux associations publient des textes mais pas un magazine régulier.1


Presse Nouvelle Magazine est la publication mensuelle de l’Union des juifs pour la résistance et l’entraide (UJRE), association communiste juive.


De l’Autre coté, revue de l’Union juive française pour la paix (UJFP). Créée dans les années 1990, cette association est particulièrement critique de l’État d’Israël et de ses politiques à


l’égard des Palestiniens. La revue a été publiée entre 2006 et 2011 par les éditions La Fabrique.


Tohu Bohu, la revue de l’Union des étudiants juifs de France connaît un rythme de publication aléatoire.


Plus ancienne publication savante encore active, la Revue des études juives est publiée depuis 1880, deux fois par an. Elle se consacre « à l’étude de tous les aspects du judaïsme à travers


l’histoire selon les méthodes scientifiques ».


Archives juives , la « revue d'histoire des juifs de France » est publié par les Belles Lettres. Revue trimestrielle, c’est une publication universitaire conçue et animée par des enseignants


chercheurs. Chaque numéro comprend un dossier sur un thème précis ( « L’antisémitisme en France au lendemain de la Seconde Guerre mondiale»,  « Les archives juives en France au XXe siècle,


fragilités d’un patrimoine »), des notices biographiques et des recensions d’ouvrages. Les articles d’Archives juives sont aussi accessibles à travers la plate-forme cairn.


Plusieurs revues ont connu des difficultés, à l’image des défis financiers qui touchent les publications universitaires en France. Les Nouveaux Cahiers, revue de débats et de recherche de


l’Alliance israélite universelle, a été publiée de 1965 à 1997 et a accueilli de riches échanges sur l'histoire et l'actualité des mondes juifs. Elle a ensuite pris le nom de Cahiers du


Judaïsme et a cessé de paraître en 2011.


Le sociologue Shmuel Trigano, a lancé, en 2006, Controverses, revue trimestrielle souhaitant « contribuer à la compréhension du nouveau paysage politique, social et culturel » en se penchant


notamment sur le « renouveau inattendu de la vieille question juive » à travers des numéros consacrés notamment au postcolonialisme et au sionisme, aux nouvelles formes d’antisémitisme et


au traitement d’Israël par l’ONU. La revue a cessé de paraître en 2011.


Pardès : « revue de pensée juive », fondée en 1985 par l’historienne et sociologue Annie Kriegel et le sociologue Shmuel Trigano. Cette revue a été le point de rencontre de nombreux


universitaires du judaïsme et de l’État d’Israël, comme Annette Wieviorka, Alain Dieckhoff et Jean Baumgarten. Aujourd’hui dirigée par Shmuel Trigano, la revue se distingue notamment par son


intérêt pour les thématiques religieuses et leurs interprétations.


La Revue d’histoire de la Shoah est publiée par le Centre de documentation juive contemporaine, créé dans la clandestinité à Grenoble en 1943 et aujourd’hui partie intégrante du Mémorial de


la Shoah à Paris. La revue s’est intitulée Le Monde juif de 1946 à 1996, date à laquelle elle devient la Revue d’histoire de la Shoah. Revue trimestrielle, chacun de ses numéros comptent


plusieurs centaines de pages. Les thèmes étudiés ont principalement trait à l’histoire et l’historiographie de l’antisémitisme et de la destruction des juifs d’Europe par les nazis et leurs


collaborateurs. La revue a aussi consacré des numéros au génocide des Arméniens de 1915 et au génocide rwandais.


Tsafon, revue d’études juives du Nord, fondée en 1989-1990 par Jean-Marie et Danielle Delmaire est animée par des universitaires de Lille 3. Yod, revue des études juives et hébraïques de


l’Institut national des langues et civilisations orientales, est en ligne. Son dernier numéro disponible date de 2015.


La disparition de nombreuses publications et l'affaiblissement de la revue L'Arche rendent plus difficile la définition d'un espace public juif français. Alors que les débats portés par ses


publications pouvaient, il y a encore quelques années, être suivis et discutés dans le reste de la société française, les médias juifs ont aujourd'hui une audience qui se limite surtout au


judaïsme communautaire. La multiplication des sites en ligne, si elle permet l'expression de sensibilités politiques diverses, ne permet pas les débats argumentés – et parfois vifs –


qu'avaient accueillis des revues qui ont souffert du sous-investissement des institutions juives et de la crise des modèles économiques des médias traditionnels.


Jean-Luc ALLOUCHE, « Médias », in Dictionnaire du Judaïsme français depuis 1944, Jean Leselbaum et Antoine Spire (dir.), Armand Colin / Le Bord de l'eau, Paris, Lormont, 2013, p.597-598.


Jean LESELBAUM, « Revues de réflexion », in Dictionnaire du Judaïsme français depuis 1944, Jean Leselbaum et Antoine Spire (dir.), Armand Colin / Le Bord de l'eau, Paris, Lormont, 2013,


p.790-791.


Philippe Cornu interroge, ici, la façon dominante dont les médias ont façonné une image aseptisée et erronée du bouddhisme, une méprise qui remonte au XIXe siècle.


Alors que l’implantation du bouddhisme est récente en France, sa couverture médiatique a été relativement rapide même si celle-ci ne rend pas toujours compte de sa réalité, de sa complexité,


de sa pluralité.


Si la presse juive n’occupe plus la place centrale qu’elle avait jusque dans les années 1960, les expressions médiatiques sont nombreuses et fécondes, la volonté de savoir et de communiquer,


extrêmement vivace.


En deux générations, le paysage médiatique musulman a fait preuve d’une grande créativité. Au début des années 2000, l’arrivée conjointe de trentenaires, à la fois musulmans et français, et


d’Internet, a permis le développement de médias qui reflètent la diversité de ce groupe social.


Bien que minoritaires dans le paysage religieux français, les protestants proposent une offre médiatique très riche, de l’écrit à Internet. Où l’on voit que les huguenots, fils de


l’imprimerie, savent exprimer leurs convictions et leur goût du débat sur tous les supports.


L’histoire des émissions religieuses est liée à celle du service public français de la télévision et de la radio. Apparues très tôt sur les ondes et les petits écrans, les catholiques puis


les différentes religions ont pris peu à peu leur place dans les grilles de programmes.


Après le choc de la Révolution, l’Église catholique et les croyants présents sur le terrain ont dû réinventer le rôle et le sens de leurs « médias ». Depuis, ils n’ont eu de cesse d’investir


les moyens de communication et de réagir ou s’adapter aux évolutions de la société.


Les médias catholiques expriment une réelle pluralité, reflétant un catholicisme divers. Entretenant un lien fort avec leur public, ces médias d’opinion, présents sur tous les supports,


participent aussi au débat public.


Comment, du XIXe à nos jours, les différentes religions présentes en France, catholiques en tête, se sont peu à peu inscrites pleinement dans le paysage médiatique ? Retour sur une histoire


qui épouse les évolutions de l’information moderne.


Les religions recourent depuis toujours à la communication. Quelle place occupent les médias religieux dans cette approche communicationnelle ? Question complexe, le lien entre religions,


médias et moyens de communication restant sous-estimé par beaucoup de chercheurs.