Le magazine « Elle », rare média à mettre en lumière le thème du féminisme | la revue des médias


Le magazine « Elle », rare média à mettre en lumière le thème du féminisme | la revue des médias

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L'article de la série avec Valérie Pécresse, publié sur Elle.fr le 10 février dernier.


Pour la première fois, l'hebdomadaire a décidé de mener une série d'entretiens avec les principaux prétendants à l'Élysée. L'occasion de parler des sujets liés aux femmes et au féminisme,


peu présents dans la campagne.


Dans une campagne où la question du pouvoir d’achat reste la principale préoccupation des Français, mais sans qu’aucun thème ne parvienne à les intéresser durablement, le magazine Elle tente


de faire entendre sa partition et interroge les candidats concernant la place des femmes dans la société. Après Valérie Pécresse et Éric Zemmour, Anne Hidalgo et Fabien Roussel sont dans le


numéro du 24 février.


C’est la première fois que l’hebdomadaire féminin, dont la naissance remonte pourtant à la fin de la Seconde Guerre mondiale, décide de mener une série d’entretiens avec les principaux


prétendants à l’Élysée. S’il y a bien eu des portraits ou des interviews lors des précédentes campagnes, la série de sept numéros, commencée le 10 février avec Valérie Pécresse et qui doit


se terminer le 24 mars avec probablement un « candidat-pas encore candidat », est inédite pour le magazine.


Le 10 mars, Marine Le Pen sera à son tour interrogée dans Elle, une première pour la présidente du Rassemblement national. « Comme pour Éric Zemmour, au sein de la rédaction, il y a eu des


débats selon l’idée que les exposer avec un entretien, c’est donner de la visibilité à leurs idées », relate Ava Djamshidi, grand reporter politique au magazine, chargée de cette série. Côté


candidats, on ne mésestime pas l’importance de figurer dans ce pilier de la presse française, propriété depuis février 2019 du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky. Éric Zemmour, qui se


situait selon un sondage BFMTV/L’Express entre cinq et sept points de moins dans l’électorat féminin par rapport à l’électorat masculin fin 2021, avait tout intérêt à se prêter à l’exercice


pour tenter de les convaincre. Aux yeux de son équipe, rien d’insurmontable à cela : « Il suffit que les femmes l’écoutent, le lisent en entier, plutôt que les caricatures qui ont été faites


de lui. Donc on parle aux Français et aux Françaises partout où ils sont et plus ils l’entendent, plus ils sont convaincus », assure un cadre important de son équipe.


« Un couple politique singulier : elle est sa plus proche collaboratrice, présente sur le canapé de velours vert où le candidat répond à nos questions. » La description, par le journal,


de la mise en scène raconte beaucoup du couple Eric Zemmour-Sarah Knafo. « Elle est la seule directrice de campagne à avoir été présente pour nos entretiens », souligne Ava Djamshidi, qui


était au côté de Marion Ruggieri, rédactrice en chef de Elle, pour réaliser l’interview publiée le 17 février. « J’ai été surprise qu’elle intervienne, c’est singulier quand même… Nous avons


donc décidé de faire apparaître son nom dans l’interview quand c’est elle qui parle. » Sans surprise, cette rencontre a beaucoup fait parler. Elle évoque plus d’une centaine de reprises


dans les médias.


Lors de l’échange avec Jean-Luc Mélenchon, à paraître le 3 mars, la rédaction de Elle lui a fait remarquer qu’une des qualités qui lui est unanimement accordée, celle de tribun, ne se


conjugue pas au féminin. De son côté, le candidat de La France insoumise a souligné que là où les femmes candidates se prévalent de leur rôle de mère, les hommes n’en font jamais état. De


simples exemples qui, selon Ava Djamshidi, prouvent que « les codes d’une campagne demeurent très masculins ». Un sujet qui est d’ailleurs l’objet d’une enquête du Monde où le journal


raconte comment « dans une élection marquée par une certaine idée du chef, jouer la carte ‘‘femme’’ est loin d’être une évidence ».


Ça serait même tout le contraire à en croire Françoise Pams, en charge des relations presse d’Anne Hidalgo : « C’est la première fois qu’il y a autant de femmes candidates à la


présidentielle et surtout la première fois que l’élection d’une femme est possible. Et à mes yeux, cela fait ressortir le machisme ambiant. » À l’heure où cet article est publié, Valérie


Pécresse, Marine Le Pen, Anne Hidalgo, Christiane Taubira et Nathalie Arthaud sont dans la course à l’Élysée avec, pour les deux premières, une chance d’accéder au second tour selon les


intentions de vote. Pour autant, à la différence de 2007 où la candidature de Ségolène Royal avait été un des éléments forts de la campagne, tout en mettant en lumière la difficulté d'être


une femme en politique, quinze ans plus tard, le sujet semble moins attirer l’attention.


Paradoxe, alors que les sujets autour du féminisme, et plus largement de l’identité, sont fréquemment traités dans les médias, rien ou presque n’est fait en lien avec la campagne. Même les


médias vidéo ou les podcasts, en pointe sur ces thématiques, ne s’en sont pas emparés. « Ça m'étonne beaucoup, alors que ces sujets connaissent un nouvel engouement, confie Ava Djamshidi de


Elle. Toutes les semaines, un nouveau #metoo apparaît et souvent ces questions sont traitées à l’aune des faits divers, alors que les électeurs peuvent prétendre avoir la vision des


candidats sur les femmes et le féminisme. » Il fallait bien un magazine vieux de 77 ans, et la plus ancienne des chaînes d’info en continu, pour s’y coller. Le 7 mars, veille de la journée


internationale des droits des femmes, Elle et LCI proposeront une émission spéciale où un panel de lectrices de l’hebdomadaire interrogeront tous les candidats officiels à la présidentielle


sur la question des grands enjeux des femmes pour les cinq prochaines années. « Les femmes sont devenues un sujet parce qu’elles sont souvent ces “invisibles” qui ont été mis en exergue lors


des gilets jaunes ou du Covid, analyse Françoise Pams. Leurs métiers ont été mis en lumière par la crise sanitaire et le délitement des services publics. » Raison de plus pour en parler.


Écrasés par une actualité tout autre, les journalistes politiques ont eu du mal à faire exister la campagne pour l'élection présidentielle.


La plateforme suédoise a lancé Président.iel, son premier podcast politique en France, centré sur les questions LGBTQIA+ et la place des femmes.


TF1, BFMTV, France Télévisions… Les QR codes sont de toutes les émissions politiques en cette campagne présidentielle. Avec cependant des stratégies différentes selon les chaînes.


Officiellement candidat à sa réélection, Emmanuel Macron a déclaré qu'il ne débattrait pas avec les autres candidats avant le 10 avril. Les chaînes ajustent bon gré mal gré leur offre


éditoriale. 


La chaîne info a installé son plateau au cœur des salles de meetings, un dispositif qu'elle est pour l'instant la seule à mettre en place.


Le candidat Europe Europe Écologie Les Verts Yannick Jadot s'est lancé mi-janvier sur Twitch pour aller chercher les moins de 35 ans sur leur terrain. 


Le journal a réuni Bernard Cazeneuve et Édouard Philippe pour débattre posément, loin du tumulte de la campagne présidentielle.


La candidate Les Républicains entend mieux se faire connaître à travers un podcast baptisé « Valérie raconte Pécresse ». Une démarche qui rappelle celle d’Hilary Clinton, en 2016.


TF1 propose un format inédit : un docu-feuilleton en quatre épisodes à l’intérieur des équipes des principaux candidats à l'élection présidentielle. Et ce, avant même le premier tour.


La question des parrainages est revenue ces derniers jours au cœur de la campagne présidentielle. Vrai sujet, ou « marronnier » électoral ? Des journalistes répondent. 


La période de Noël et du Nouvel An est toujours particulière pour les candidats à l'élection présidentielle. L'enjeu : rester visible, sans en faire trop, à  un moment où les électeurs ont


la tête ailleurs. Et préparer la rentrée.


Pas encore officiellement candidat, Emmanuel Macron s'est essayé, ce 15 décembre, à un moment d'autocritique de presque deux heures sur TF1 et LCI. Un retour en arrière rare pour un


président en exercice.


Enquête sur quatre mois d’une relation marquée par les faux-semblants, d’accusations et d’utilité mutuelle.


Si Anne Hidalgo stagne assez bas dans les sondages, elle demeure une personnalité politique en vue dans le paysage médiatique. Dernier exemple en date : son « tour de France », entamé fin


novembre.