Fraude trop élevée, poids de la dette, gratuité : les transports lyonnais passés au crible de la chambre régionale des comptes


Fraude trop élevée, poids de la dette, gratuité : les transports lyonnais passés au crible de la chambre régionale des comptes

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FRAUDE TROP ÉLEVÉE, POIDS DE LA DETTE, GRATUITÉ : LES TRANSPORTS LYONNAIS PASSÉS AU CRIBLE DE LA CHAMBRE RÉGIONALE DES COMPTES Les magistrats de la chambre régionale de comptes viennent de


rendre un rapport sur les finances du Sytral, l’opérateur des transports en commun lyonnais. Ils alertent sur les risques liés à l’explosion de la dette pour financer les investissements.


Publicité Les magistrats de la chambre régionale des comptes se sont penchés sur les finances et le fonctionnement du Sytral, l’autorité organisatrice des transports dans l’agglomération


lyonnaise. Le deuxième des plus importants réseaux de transports en France qui enregistre près de 500 millions de voyages par an. 3,5 MILLIARDS DE DETTES EN 2033 ? Un réseau à la situation


financière saine fin 2023, notent les juges qui alertent toutefois sur les risques pris par la majorité écologiste pour financer son programme d’investissement. _«Les orientations


budgétaires portant sur la période 2024-2033 devraient conduire à sa dégradation rapide et prononcée. Sytral Mobilités a ainsi programmé, dans son débat d’orientations budgétaires (DOB)


2024, 6,4 milliards d’euros d’investissements sur cette période, soit un effort d’investissement 2,5 fois plus important que pendant la période sous revue»_, indique le rapport. Des


milliards financés par _«un recours massif à l’emprunt»_ d’environ 340 millions d’euros par an. Ainsi, l’encours de dette devrait passer d’un peu plus de 150 millions d’euros en 2023 à près


de 3,5 milliards en 2033. Un risque pour la CRC qui déplore par ailleurs la _«fragilité»_ voire _«l’optimisme»_ des perspectives de recettes présentées par le Sytral. _«Alors qu’il n’a pas


souhaité présenter de prospective financière dans le DOB 2025 en invoquant les incertitudes qui pèsent sur ses ressources, Sytral Mobilités doit prévoir des scénarios alternatifs tenant


compte des aléas financiers auxquels il est exposé par rapport à sa stratégie initiale qui présente des risques financiers certains»_, prévient la cour. Concernant les finances et le manque


à gagner, les magistrats se sont également penchés sur la fraude sur le réseau. D’après les évaluations de 2023, celle-ci est estimée à 35 millions d’euros pour un taux de fraude global de


12,7%. Le rapport indique que _«les moyens consacrés à la lutte contre la fraude et à l’incitation à la validation des titres de transport s’inscrivent en nette baisse depuis 2021. Les ETP


_(équivalents temps plein, NDLR)_ baissent de 13% et les heures contrôlées de 36% entre 2017 et 2023»_. La lutte contre la fraude dans les transports collectifs urbains fait partie des


missions confiées aux délégataires avec des incitations en fonction de la réalisation d’objectifs ciblés. Objectifs non atteints par le délégataire. Bien qu’en amélioration sur la période,


le taux de recouvrement reste également _«perfectible»_ et n’atteignait que 36,4% en 2023 indique la CRC. Il reste inférieur à l’objectif indicatif assigné au délégataire (38% en 2017, 43%


en 2022). UNE GRATUITÉ TOTALE TROP CHÈRE POUR LA CRC La question de la gratuité des transports en commun, souvent débattue à Lyon et proposée par plusieurs partis de gauche, mais aussi plus


récemment par Jean-Michel Aulas pour les Lyonnais gagnant moins de 2500 euros net par mois, a été évaluée par la chambre. Cette dernière note qu’une gratuité totale du réseau augmenterait


_«la tension de fréquentation en heure de pointe et occasionnerait un manque à gagner et des charges d’exploitation supplémentaires»_. Ce déficit d’exploitation est ainsi évalué à 600


millions d’euros par an en 2030. _«Au vu du montant annuel moyen des recettes de ventes de titres pour Sytral Mobilités entre 2017 et 2023, leur suppression complète aurait conduit à un


abandon de recettes de l’ordre de 240 millions d’euros par an»_, poursuit la CRC. Un manque à gagner trop important qui grèverait les possibilités d’investissements futurs, le réseau


lyonnais étant celui le plus autofinancé par les usagers de France. Entre 2017 et 2023, les usagers des TCL ont supporté au moins 50% des coûts d’exploitation du service quand les usagers


des autres réseaux de transports collectifs urbains comparables ne finançaient environ que 30% des charges d’exploitation. Ce ratio a toutefois diminué de 10 points depuis 2017 _«en raison


des efforts de modération tarifaire envers les jeunes, de l’instauration de nouveaux tarifs sociaux et de la progression des charges»_, poursuit la chambre. Enfin, la CRC note que plutôt que


la question du prix, c’est la qualité de l’offre et la ponctualité du réseau qui influe sur la satisfaction des usagers. La chambre régionale des comptes a conduit une enquête auprès de


plus de 9000 abonnés lors de son contrôle. _«Il apparaît que la satisfaction des usagers du réseau est relativement élevée. Les critères liés aux caractéristiques de l’offre de transports


sont les plus appréciés par les usagers. Ceux qui apparaissent en revanche perfectibles, bien que notés relativement correctement, sont la qualité des informations en cas d’imprévus, ainsi


que la fréquence et la ponctualité des bus. S’y ajoute le manque d’espace disponible dans les transports, résultat du succès du réseau en termes de fréquentation»_, concluent les magistrats.