«il y a 200 ans, ampère découvrait l’électricité»


«il y a 200 ans, ampère découvrait l’électricité»

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FIGAROVOX/TRIBUNE - Le 18 septembre 1820, le mathématicien André-Marie Ampère présentait à l’académie des sciences de Paris son hypothèse fondamentale sur les «courants électriques». À


l’occasion du bicentenaire de cette découverte, Philippe Ponchon rend hommage à l’illustre savant, dont le rôle fut crucial pour la révolution industrielle. Publicité _Philippe Ponchon est


administrateur de société des amis d’André-Marie Ampère qui gère la Maison Ampère/Musée de l’électricité._ ------------------------- Le 18 septembre 1820, le savant français André-Marie


Ampère présentait à l’académie des sciences de Paris son hypothèse fondamentale sur la notion de «courants électriques», c’est-à-dire d’électricité en mouvement, qu’il baptise


«électrodynamique». Il annonce la présence de courants électriques dans les aimants et les phénomènes d’attraction-répulsion entre deux conducteurs parcourus par des courants qui se


comportent comme des aimants. Cette communication suivait, de quelques jours seulement, la reproduction, par Arago, devant cette même académie, de l’expérience du savant Danois Hans


Christian Oersted qui montrait, sans l’expliquer, que l’aiguille d’une boussole dévie à l’approche d’un fil conducteur relié à une pile Volta. Ampère, entre 1820 et 1826, va bâtir les


fondements d’une science nouvelle l’électrodynamique qui préfigure déjà la théorie plus générale de l’électromagnétisme de l’écossais Maxwell et en écrire les lois mathématiques. Maxwell


qualifiera Ampère de «Newton de l’électricité». Les développements de ses découvertes fondamentales en électricité ont permis l’essor de l’industrie, de l’instrumentation médicale, des


moyens de communication et de transport dont nous bénéficions tous aujourd’hui. Ampère a eu très tôt l’intuition d’un lien entre les phénomènes électriques et magnétiques. Les enjeux de la


transition énergétique placent les développements des découvertes d’Ampère au cœur des innovations à imaginer et à mettre en œuvre pour faire face au changement climatique. Et faire renaître


la notoriété d’Ampère, c’est lui redonner la place éminente qu’il occupe dans le formidable dynamisme des sciences et dans la révolution industrielle au XIXe siècle. Ampère a eu très tôt


l’intuition d’un lien entre les phénomènes électriques et magnétiques. En rupture avec les théories formulées alors, il attribue le phénomène de l’expérience d’Oersted à l’existence d’un


courant électrique dans le fil. Pour vérifier sa théorie, Ampère met au point des expériences d’une incroyable ingéniosité. Par exemple, pour s’affranchir du magnétisme terrestre, il fait


construire un instrument qu’il appelle «aiguille aimantée astatique»: l’action du courant oriente l’aiguille perpendiculairement au fil. Il invente la règle dite du «bonhomme d’Ampère» qui


permet de déterminer aisément le sens de déplacement de l’aiguille aimantée selon le sens du courant. Il montre que deux fils enroulés en spirales ou en hélices, qu’il nomme «solénoïde», se


comportent exactement comme le feraient deux pôles d’aimant. En plaçant un cylindre de fer doux au centre de l’hélice, il découvre l’aimantation temporaire qui est à la base du


fonctionnement de l’électroaimant et réalise la rotation d’un aimant autour de son axe, qui préfigure le moteur électrique. Ampère imagine le principe d’un télégraphe électrique qui


deviendra réalité ultérieurement avec l’invention du code Morse. Il imagine le principe d’un télégraphe électrique qui deviendra réalité ultérieurement avec l’invention du code Morse. Le


premier congrès international des électriciens en 1881 rendra hommage à Ampère en nommant «ampère», l’unité internationale de courant électrique, une des 7 grandeurs fondamentales du système


international. Son nom est gravé sur la Tour Eiffel avec 72 noms de scientifiques, ingénieurs ou industriels qui ont honoré la France de 1789 à 1889. André-Marie Ampère est un personnage


singulier dans le monde scientifique: mathématicien de génie mais aussi expert en physique, chimie, astronomie, botanique… C’est un des derniers savants universels issus des Lumières. Ampère


est né en 1775, dans une famille de la bourgeoisie lyonnaise. Son père, négociant en soie, est un érudit, adepte des méthodes éducatives de Jean-Jacques Rousseau. Doté d’une curiosité et


d’une mémoire exceptionnelles, Ampère met à profit la bibliothèque de son père, en particulier l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, pour acquérir tout le savoir de l’époque. À 13 ans, il


écrit un petit traité de mathématique sur la rectification d’un arc remarqué par l’Académie de Lyon. Sa jeunesse libre et insouciante prend fin en 1792, avec le décès de sa sœur, sa


confidente, puis l’année suivante de son père, devenu juge de paix à Lyon, qui est guillotiné sous la Terreur. La suite de sa vie privée fut jalonnée d’épreuves, de doutes et de passages de


grande détresse morale, surmontés grâce à ses amis et à son fils, Jean-Jacques dont il est très proche, une profonde spiritualité et surtout une intense activité intellectuelle,


philosophique et scientifique. Sa grande sensibilité, son sens aigu de l’amitié et des relations humaines, en font un personnage infiniment attachant. Son génie lui permis de devenir


professeur dans les plus grands établissements sans être jamais allé à l’école! Nommé à l’École Centrale de Bourg en Bresse en 1802, puis en 1803 au tout nouveau Lycée Impérial de Lyon


(actuellement Lycée Ampère), il deviendra enseignant en mathématiques à l’Ecole Polytechnique à Paris en 1804. À partir de 1814, il se consacra à nouveau à la recherche, en particulier à la


résolution des équations aux dérivées partielles, en vue de son admission à l’Académie des Sciences, obtenue en 1814. Professeur au Collège de France en 1824, il sera aussi Inspecteur


Général de l’Enseignement jusqu’à son décès à Marseille en 1836 lors d’une tournée d’inspection. Il enseigna aussi la philosophie à la Faculté des Lettres de Paris, contribua à la


psychologie, analysa la poésie antique, tenta de créer une langue universelle. Inspiré par une vision «unitaire» des forces de la nature, il n’eut de cesse d’élaborer une classification des


sciences afin de dégager l’unité profonde qu’il pressentait entre les différentes disciplines. Il inventa effet de nouveaux termes, tels qu’ethnologie, cinématique ou cybernétique pour


désigner l’étude des mécanismes d’information des systèmes complexes. Amateur éclairé de chimie, il contribua entre 1804 et 1814 à la découverte des éléments simples (chlore, fluor, …),


ainsi qu’à la théorie «moléculaire» (nombre d’Avogadro-Ampère). Sa grande sensibilité, son sens aigu de l’amitié et des relations humaines, en font un personnage infiniment attachant.


_«Perfectionner moi-même et les hommes, voilà l’idée que j’ai toujours devant mon esprit,_ disait-il._ Je ne veux ni travailler, ni sentir, ni composer qui ne vise là.»_