Pierre Assouline, un demi-siècle d’amour et de guerres
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Pierre Assouline raconte les histoires comme on console : doucement, patiemment, gravement. Son écriture presque tactile a ce pouvoir de transformer la sobriété en intensité ;
l'effleurement en étreinte, jusqu'à ce que l'évocation se fasse argument et que chaque murmure provoque un profond charivari intérieur. _L'Annonce,_ son dernier roman,
est un aveu superbe fait du bout des mots, un hurlement chuchoté, comme une prière : d'un octobre à l'autre, l'écrivain nous livre 50 ans de vie – la sienne, et autant
d'amour, et autant de guerres.
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En octobre 1973, la guerre du Kippour éclate, et Raphaël, narrateur et alter-héros d'Assouline, quitte la France, où il militait pour un _« judaïsme du muscle »,_ pour soutenir Israël.
Sauf que l'engagé volontaire chargé à bloc se retrouve dans une ferme paumée, dans une _« montagne magique sans le surplomb sur le monde »,_ écrit-il, à s'occuper de dindons
imbéciles et querelleurs. Il ne rencontrera pas Leonard Cohen (son idole, qui chante alors clandestinement pour les soldats de Tsahal) sur le front, mais, au détour d'une partie
d'échecs, Esther, juive d'origine marocaine comme lui, soldate chargée d'annoncer aux familles la mort de leur proche. Un demi-siècle plus tard, au lendemain du 7 octobre 2023
– ce _« lâcher de fauves »_, cette _« nuit de Cristal en plein jour »_, écrit-il –, Raphaël retourne en Israël, où il retrouve le ravage, un _« pays moralement brisé »_ et, à nouveau au
détour d'une partie d'échecs… Esther.
À la fois archéologie intime et réflexion sur le tragique de l'Histoire, ce récit est avant tout un texte d'amour, et même un geste d'amour. Puissant et pudique, posé sur le
papier comme une main sur l'épaule, il a du courage, le cœur gros mais sage : il crève l'âme et les pages §
À Découvrir LE KANGOUROU DU JOUR Répondre _« L'Annonce »_, de Pierre Assouline (Gallimard, 336 p., 22 €)
Retrouvez Pierre Assouline en rencontre au Forum des auteurs du Festival du livre de Nice le samedi 31 à 15 h 30.