Procès des viols de Mazan : qui est Husamettin D., le seul accusé à finalement faire appel ?


Procès des viols de Mazan : qui est Husamettin D., le seul accusé à finalement faire appel ?

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PROCÈS DES VIOLS DE MAZAN : QUI EST HUSAMETTIN D., LE SEUL ACCUSÉ À FAIRE APPEL ?


Il n'en reste qu'un. Âgés de 27 à 74 ans, les 51 accusés du procès des viols de Mazan ont tous été condamnés en décembre dernier à des peines allant de trois ans de prison (dont


deux avec sursis) pour agression sexuelle à quinze ans de réclusion criminelle pour un homme venu six fois violer Gisèle Pelicot. Ces hommes avaient été recrutés par Dominique Pelicot sur


Internet pour violer son épouse, droguée aux anxiolytiques, à leur domicile de Mazan (Vaucluse), entre 2011 et 2020.


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Les avocats de la défense, qui niaient pour la plupart la culpabilité de leurs clients, leur ont finalement conseillé de se désister en appel. Un à un, les seize noms qui avaient interjeté


appel se sont effacés, jusqu'à ce qu'il ne reste qu'Husamettin D, 44 ans, condamné à neuf ans de prison pour viols aggravés. En appel, il contestera tant « sa responsabilité


pénale » que « sa peine », a fait savoir son avocate, Me Sylvie Menvielle.


En juin 2019, Dominique Pelicot avait pris contact avec Husamettin D. sur le site Coco.fr. Le 28 juin 2019, ce travailleur en bâtiment buvait du whisky à l'apéro avec ses amis lorsque


Dominique Pelicot l'a appelé. S'il voulait passer à Mazan, c'était possible ce soir. « Je me suis fait beau gosse, pantalon, parfum, je me suis rasé… Je me suis préparé à


aller à la rencontre d'un couple », assurait-il face à la cour d'assises du Vaucluse le 25 septembre dernier. De son village de Provence, il roule jusqu'à Mazan dans la nuit.


Arrivé à la maison, il se déshabille et entre dans une pièce à la lumière tamisée.


Dans un fichier appelé par Dominique Pelicot « Karim 38 ans », on voit Husamettin D. pénétrer une Gisèle Pelicot inconsciente dans la salle à manger et dans la chambre. « J'ai commencé


à la caresser, fait les préliminaires, j'ai pas vu de réaction, je lui ai dit [à Dominique Pelicot, NDLR] : “On dirait ta femme elle est morte” », racontait l'accusé à la barre.


Pendant l'acte, Husamettin D. chuchote. Lorsqu'elle bouge, il prend soin de s'arrêter pour ne pas la réveiller. « Je pensais lui faire mal », a-t-il assuré. Jusqu'à ce


que Dominique Pelicot lève la jambe de sa femme, et qu'il comprenne, selon lui, qu'il ne s'agissait pas d'un jeu sexuel. S'ensuivent plusieurs fellations. « Qui


donne l'accord ? C'est monsieur ou madame ? » lui a demandé le président de la cour d'assises. « C'est son mari ! J'ai jamais pensé qu'il pouvait faire ça à sa


femme », a enchaîné Husamettin D.


Au bout d'une heure, même avec une partenaire « presque morte » sous les yeux, il n'était toujours pas parti, intimidé selon lui par le mari, qui lui dictait la marche à suivre


d'un ton grave. Aux enquêteurs, il a admis avoir participé à un viol « sans être au courant ». L'accusé, assez maladroit dans le choix de ses mots, s'est senti « violé » par


le visionnage des vidéos, qui l'a mis particulièrement mal à l'aise.


Au cours de la procédure, Husamettin D. a livré un discours fluctuant, assurant aux enquêteurs qu'il croyait que Gisèle Pelicot allait « se réveiller comme une chienne », tout en


prenant de nombreuses précautions afin d'éviter ce cas de figure… et pratiquant des positions sexuelles où Gisèle Pelicot apparaissait clairement inconsciente. À l'image


d'autres coaccusés, il s'est dit piégé par Dominique Pelicot, qui lui avait parlé d'un « plan à trois ». « N'auriez-vous pas dû essayer de la réveiller ? »


l'interrogeait le président de la cour d'assises. « J'ai essayé en la caressant… » répliquait timidement Husamettin D. Son avocate, Me Sylvie Menvielle, a plaidé


l'acquittement en suggérant « un jeu sexuel à trois ». Ulcérée par sa plaidoirie, Gisèle Pelicot était sortie de la salle, un événement rare au cours du procès.


À Découvrir LE KANGOUROU DU JOUR Répondre Marié et père d'un enfant trisomique, Husamettin D. avait pour habitude de fréquenter des clubs échangistes et des escort-girls. Son casier


judiciaire ne comporte qu'une mention, du trafic de stupéfiants en 1999. L'enquête de personnalité a révélé une vie d'errance, alternant intérim et chômage, seulement


stabilisée par ses compagnes. En rupture avec sa famille, son unique et principal soutien serait son épouse. Husamettin D. ne présente aucune pathologie. D'origine turque, il comprend


bien le français.


L'accusé s'était longuement plaint de ses conditions de garde à vue et d'interpellation à la barre. Poursuivi pour viol aggravé, il avait dénoncé son quotidien troublé par des


menaces depuis la révélation de l'affaire d'un maladroit « nul n'est censé ignorer la loi ». « Je rebondis sur votre phrase “nul n'est censé ignorer la loi”, lui avait


répondu une assesseure. Le viol n'est pas juste avec violence, c'est aussi par surprise. » « Violeur, c'est un truc trop dur à porter pour moi », avait-il déclaré, très


empathique : « C'est ma tête qui est mise à prix, ils vont peut-être me pendre sur la place publique ! » Husamettin D. sera jugé par la cour d'appel de Nîmes à l'automne.