Bientôt deux mois sans pluie, sécheresse record, risque d'incendie "exceptionnel"... Les sapeurs-pompiers tirent la sonnette d'alarme


Bientôt deux mois sans pluie, sécheresse record, risque d'incendie

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"N_ous avons là une situation à risque exceptionnel, très tendue. Comme en 2003. Je suis véritablement inquiet pour le futur... »_ Le patron des sapeurs-pompiers azuréens tire la


sonnette d’alarme. Plusieurs centaines d’hectares de végétation partis en fumée en hiver, près de deux mois sans une goutte de pluie, des prévisions guère rassurantes : ce phénomène est_ «


extrêmement rare_, observe le colonel René Dies, directeur du Sdis 06. _Habituellement, c’est souvent la pluie qui éteint ces feux d’hiver en montagne... Sauf qu’on n’a pas de pluie ! » _


ACTIVITÉ DIGNE DE L’ÉTÉ >> RELIRE. _S’IL N’A TOUJOURS PAS PLU LUNDI À NICE (ET C’EST PARTI POUR), CE SERA UN RECORD ABSOLU EN HIVER_ Sur la Côte d’Azur, l’hiver a rendu les armes dès


début février. Pour le plus grand bonheur des plagistes et promeneurs. Pas celui des éleveurs et sapeurs. _« Au niveau des sollicitations, on a l’impression d’être en plein été »_,


résume-t-on au service communication du Sdis. Deux vastes feux de forêt, bien que désormais fixés, continuent d’accaparer au quotidien les hommes et les bombardiers d’eau : Fontan (185 ha


brûlés) et Clans (130 ha). S’y ajoutent ceux de Lantosque (5 ha) et celui, plus tôt dans l’hiver, de Tourrette-sur-Loup (85 ha). Ces incendies sévissent souvent en zone inaccessible._ « Il


faut des opérations de longue haleine pour les éteindre. Un avion permet de stopper un feu. Mais après, il faut le traiter au sol »_, insiste le colonel Dies. Selon ces chiffres du Sdis,


voilà donc 400 ha de végétation partis en fumée. Sans menacer, jusqu’ici, les habitants. _« L’enjeu, c’est de sauver la nature,_ justifie-t-on du côté du Sdis. _On cite souvent les


superficies brûlées, mais combien de milliers d’hectares ont été sauvés ? »_ Malgré cela, les voyants restent au rouge. Et les sols, désespérément inflammables. SOLS DÉSESPÉRÉMENT SECS _«


L’humus est très sec,_ relève Guillaume Jean, chef du service Force 06 au conseil départemental des Alpes-Maritimes. _Cela pose problème, car le feu s’enterre et couve. Pour l’éteindre, il


faut aller gratter le sol - sous lequel les températures atteignent 400°C -, isoler ce feu en faisant une tranchée... Cela demande beaucoup d’eau et d’énergie. »_ D’ordinaire, à cette


époque, Force 06 prépare les sentiers forestiers. Mission reportée. L’urgence est au travail avec les pompiers. _« On attend des précipitations qui humidifient la biomasse, permettent à la


végétation de reverdir et d’être moins sensibles aux feux, _confie Guillaume Jean. _Or la météo ne nous aide pas ! De mémoire de forestier sapeur, une telle situation remonte à 1989. »_


Cette année-là avait été fatale à un forestier et un pompier. D’où cet aveu : _« On n’est pas sereins... »_ APPEL À LA PRUDENCE Côté finances aussi, la sécheresse tenace a un coût. _« Il est


rare que les moyens aériens soient sollicités de façon si intense en hiver. Il y aura forcément un coût supplémentaire lié aux heures de vols, au carburant, au retardant... »_, constate le


« Monsieur finances » du Département, Eric Ciotti. La protection des biens et des personnes est à ce prix. Alors, pour limiter les risques, le colonel Dies _« appelle à la prudence. »


_Guillaume Jean rappelle les règles élémentaires : _« Ne pas porter le feu dans les massifs (cigarettes, barbecues, feux d’artifice...) et débroussailler autour de sa maison »_.