Au petit matin, il y a soixante ans, un mur divisait berlin
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Au cours des précédentes 48 heures, de ce dimanche, d'août 1961 les rumeurs de la fermeture de la frontière entre Berlin-Est et Berlin-Ouest ont pris de plus en plus de consistance. Le
vendredi, le conseil des ministres est-allemand a reçu carte blanche par décision unanime de la "Chambre du peuple", le Parlement de la RDA, pour prendre toutes les mesures afin de
stopper définitivement l'exode de la population de l'Allemagne communiste. Au cours des douze dernières années, plus de trois millions de citoyens ont en effet choisi de
_"voter avec leurs pieds"_, en préférant la liberté et la prospérité de l'Allemagne de l'Ouest aux rigueurs de la RDA. A 4h011 ce dimanche là, un flash de l'AFP daté
de Berlin tombe:_ "D'après DPA (l'agence de presse ouest-allemande), l'armée et la police populaires se concentrent à la limite des secteurs Est et Ouest de Berlin pour
interdire le passage"._ Dans un deuxième flash, l'AFP, citant encore DPA, précise: "Les chemins de fer métropolitains de Berlin ne passent plus depuis deux heures d'un
secteur à l'autre". Les flashs se succèdent: - 04H28: "Le conseil des ministres de la RDA a décidé de mettre en place à ses frontières, même à celles du secteur occidental de
Berlin, les contrôles habituels aux frontières d'un Etat souverain". - 04H36: "Une ordonnance du ministère de l'Intérieur d'Allemagne orientale interdit aux
habitants de ce pays de se rendre à Berlin-Est s'ils n'y travaillent pas". - 04H50: "Il est interdit à tout habitant de Berlin-Est de travailler à Berlin-Ouest, décide la
municipalité de Berlin-Est". 43 KILOMÈTRES DE LONG En tout début de matinée, le journaliste de l'AFP décrit ainsi la situation: _"Des fils de fer barbelés et des chevaux de
frise ont été placés dans la nuit, pour fermer hermétiquement la frontière entre Berlin-Est et Berlin-Ouest. La route est pratiquement coupée aux réfugiés. La plupart des points de passages,
entre les deux parties de la ville, sont barrés depuis le lever du jour et sévèrement gardés par des policiers populaires patrouillant mitraillette en bandoulière. Seuls restent ouverts
entre les deux Berlin treize postes-frontières, contrôlés par de nombreux piquets renforcés de policiers en armes. (...)_ _Aucun Allemand de Berlin-Est ne peut plus passer à l'Ouest
sans coupe-file spécial, les contrôles sont excessivement sévères"._ Alors que la nasse se referme sur la partie communiste de la ville, un jeune Berlinois de l'Est parvient contre
toute attente à forcer avec sa voiture le réseau de fils barbelés séparant les deux secteurs de la ville. "Voyant arriver à grande vitesse le jeune homme dans une Volkswagen, les
policiers furent trop surpris pour pouvoir arrêter la voiture, qui emporta jusque dans le secteur français le réseau de fils de fer barbelés placé à travers la rue", raconte l'AFP.
Peu à peu, les kilomètres de barbelés vont céder la place à un mur en béton de 43 km de long scindant la ville en deux du nord au sud. Une autre enceinte, longue de 112 km, isolera de la
RDA l'enclave de Berlin-Ouest et ses deux millions d'habitants. Constamment modernisé durant ses 28 ans d'existence, le Mur est formé sur plus de 100 kilomètres de plaques de
béton armé d'une hauteur de 3,60 mètres, surmontées d'un cylindre sans prise pour une escalade, le reste étant constitué de grillages métalliques. Tout au long de ce "mur de
la honte" se trouve, du côté est, un "no man's land", dont la profondeur peut atteindre jusqu'à 300 mètres par endroits. Au pied du mur, une "bande de la
mort", constituée d'un terrain soigneusement ratissé pour repérer les traces de pas, est pourvue d'installations de tirs automatiques et de mines. Aussi hermétique fut-elle,
cette redoutable "barrière antifasciste" n'empêchera pas la fuite de près de 5.000 personnes, jusqu'à sa chute le 9 novembre 1989. Une centaine de fugitifs y laisseront
la vie.