À la semiacs, "toutes les semaines un cadavre nous tombe dessus"


À la semiacs,

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D_epuis 2013, il y a une volonté de remettre le fonctionnement de la Semiacs à plat, d'assurer une réelle transparence »_. Philippe Pradal le martèle. Il le clame : il y avait la


Semiacs d'avant, celle des affaires et il y a la Semiacs d'aujourd'hui, celle dont il est président. La Semiacs d'avant, c'était Benoît Kandel. Philippe Pradal,


alors administrateur et président de la commission d'appel d'offres, le jure : il ne savait rien. N'avait rien vu. Hier, entouré de Me Nathalie Thomas, administrateur


judiciaire de la société, et de Me Jean-Marie Canac, avocat en charge des contentieux, le premier adjoint de Christian Estrosi a présenté_ « un rapport d'étape sur l'organisation


de la Semiacs et son avenir »._ Et a répondu aux points qui font débat. L’AVENIR DE LA SEMIACS VOUS ANNONCEZ UNE PROCÉDURE DE SAUVEGARDE.A QUOI ÇA SERT? Philippe Pradal: Le président du


tribunal administratif a pris un jugement pour une procédure de sauvegarde.Cela avait été demandé à l’unanimité par le conseil d’administration le 18 avril.L’objectif, c’est la préservation


de l’activité et de l’emploi sous le contrôle du tribunal. Les caisses sont vides? Philippe Pradal: La Semiacs est une société que les circonstances ont chahutée mais qui n’est pas en état


de cessation de paiement: au 31 décembre 2014, l’excédent brut d’exploitation était de 4,6 millions pour un chiffre d’affaires de 16,9 millions. Et on a provisionné pour les contentieux. Il


n’y a pas de difficultés de gestion. Le débat au conseil municipal POURQUOI REFUSEZ-VOUS DE METTRE À L’ORDRE DU JOUR DU CONSEIL MUNICIPAL LES RAPPORTS ACCABLANTS DE LA CHAMBRE RÉGIONALE DE


LA COUR DES COMPTES (CRC) SUR LA SEMIACS? LA LOI VOUS L’IMPOSE POURTANT… Philippe Pradal: La CRC a mis en ligne les trois rapports: sur la Semiacs, Sofipark et Sude. Il y a une enquête


pénale et, à ce titre, un certain nombre de faits et d’informations sont couverts par le secret de l’instruction. Les mettre au débat, c’est soit transgresser ce secret, soit ne pas pouvoir


répondre.Je refuse de monter sur le ring avec les mains attachées dans le dos et je ne serai pas celui qui mettra sur la place publique des éléments couverts par le secret de


l’instruction.Ce n’est pas un défaut de transparence. LES IRRÉGULARITÉS M.PRADAL, VOUS ÉTIEZ PRÉSIDENT DE LA COMMISSION D’APPEL D’OFFRES, COMMENT N’AVEZ-VOUS PAS REMARQUÉ QUE TOUS LES


MARCHÉS OU PRESQUE ÉTAIENT PASSÉS SANS APPEL D’OFFRES? Philippe Pradal: Je présidais la commission d’appel d’offres au sein de laquelle je siégeais aux côtés d’une collègue issue des rangs


de l’opposition -Mme Emmanuelle Gaziello.Elle était administrateur comme moi.Nous n’avons reçu aucune convocation et nous n’avions aucune information en conseil d’administration (CA) nous


permettant d’établir que les procédures de commandes publiques étaient viciées. Une commission d’appel d’offres n’a pas la possibilité de se réunir de sa propre initiative.Elle sert à


vérifier la régularité des contrats quand le président et le directeur général veulent bien lui faire vérifier… Depuis que je suis président, elle s’est réunie plus d’une dizaine de fois


procédant à la remise en ordre de près de 90 marchés publics. RIEN, VRAIMENT, NE VOUS A MIS LA PUCE À L’OREILLE? Philippe Pradal: Il n’y a rien qui nous titillait.Et je dis bien «nous» car


il n’y avait pas que deux administrateurs dans la société, il n’y avait pas que Benoît Kandel et moi. Il y avait toute une structure, l’ensemble du management de la Semiacs - un chef


comptable, un directeur juridique, un avocat, un commissaire aux comptes etc.- qui nous assurait qu’elle connaissait les règles applicables en matière de commande publique et que tout allait


bien.Les autres administrateurs ont été trompés. VOUS ÊTES TOMBÉ DU PLACARD… Me Jean-Marie Canac: Dans ce dossier, pratiquement toutes les semaines, quand on ouvre une porte, il y a un


cadavre qui nous tombe dessus. VOUS ENGAGEZ ÉGALEMENT DES POURSUITES JUDICIAIRES? Philippe Pradal: Je suis entré en fonction en septembre 2013. L’instruction que j’ai donnée, c’est que, dès


qu’on tombe sur quelque chose d’anormal, nous informions le procureur de la République.Il faut que la justice passe, même si cela peut conduire - parce que j’ai été auditionné par la police


sur ce sujet et que je serai peut-être ré-auditonné demain - à ce qu’on m’interroge sur mon rôle dans cette affaire.Dès lors que nous estimons que nous avons été victimes et que la société


l’a été, nous nous constituons partie civile. Comme le permet la procédure de sauvegarde, nous allons d’ailleurs mettre sous expertise tous les contrats significatifs de la société. UN


EXEMPLE DE DÉRIVES SUR LESQUELLES VOUS ÊTES TOMBÉ? Me Canac: Le dossier d’équipement des parkings par des lampesLED.Bizarrement, c’est le seul où il y a eu un appel d’offres, pour un seul


parking [Marshall].Quatre entreprises ont répondu.La société qui a gagné était la moins bien disante, c’était de loin la plus chère, du simple au quadruple.Elle avait été créée un mois


avant. Le président Kandel a dit au conseil d’administration: “Un prestataire a proposé de nous faire faire des économies considérables en matière de consommation électrique, il va nous


installer à ses frais la totalité des LED dans le parking Marshall”.Sauf que M.Kandel avait déjà signé tout seul trois semaines auparavant des bons de commande avec cette société pour 14


parkings et pas seulement pour Marshall…Au bout du compte, cette société n’a pas fait totalement le travail qu’elle était censée faire…ça a coûté quelque 500000 euros…Une expertise est en


cours et on en tirera les conséquences: on va poursuivre tous ceux qui sont impliqués. D’AUTRES POURRAIENT ÊTRE ÉCLABOUSSÉS? Philippe Pradal: Il y a des gens qui ont profité de la Semiacs.Il


y a des noms qui ont été donnés.Je pense qu’il y a d’autres noms qui n’ont pas encore été donnés. L’objectif de la procédure de sauvegarde, ça va être d’aller chercher tous les gens qui, à


un moment donné, ont eu une relation déséquilibrée avec la société en toute connaissance de cause.Et ils vont restituer à la Semiacs ce qui lui est dû. LE STATIONNEMENT INTELLIGENT DERNIER


REBONDISSEMENT: L’ABANDON DU STATIONNEMENT INTELLIGENT… Philippe Pradal: Le débat, ce n’est pas le stationnement intelligent mais la façon dont il a été conduit. Ce n’est pas parce que c’est


une bonne idée que cela permet de s’affranchir de toutes les procédures. La Ville et la Métropole continuent de réfléchir à la problématique du stationnement et de la mobilité. En revanche,


l’expérimentation avec les kiosques et les capteurs est tellement vérolée par le non-respect des règles de commande publique et l’incertitude sur la valeur réelle de ce dispositif, tant au


plan technique qu’au plan financier, que nous avons décidé de suspendre le stationnement intelligent.Une seule zone doit être rééquipée d’horodateurs: celle des alentours de la


Semiacs.Ailleurs, les anciens horodateurs sont ré-armées.Ils seront dotés du système de paiement par carte bancaire. COMBIEN ÇA A COÛTÉ? Philippe Pradal: Autour de 9,1 millions.Aujourd’hui,


je ne peux pas dire que cela coûté ça aux contribuables: pour le moment la Semiacs a payé ce montant-là. L’enjeu des expertises est de faire dire au juge quelle est la valeur réelle de la


contrepartie de ce que nous avons reçu.Et si nous avons trop payé nous serons remboursés.