L'impérialisme européen n'est pas un allié de l'Ukraine


L'impérialisme européen n'est pas un allié de l'Ukraine

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Depuis le tournant des Etats-Unis sur la question de l’Ukraine, les puissances impérialistes européennes ont initié un vaste mouvement de réarmement. Dans les médias mainstream et les


discours officiels, il semble aller de soi que la hausse des dépenses militaires vise à « donner à l’Ukraine les moyens de se défendre ». Mais, très loin d’être désintéressé, le réarmement


de l’Europe ne vise pas à aider les travailleurs ukrainiens : au contraire, il s’agit surtout, pour l’Union européenne, de peser dans les négociations en cours et d’obtenir sa part du butin


alors que Trump a brisé la « division du travail impérialiste » qui prévalait jusqu’alors, dans la continuité de 20 ans de vassalisation économique et politique du pays. [1].


Le projet de vassalisation de l’Ukraine par les puissances impérialistes, l’Union européenne en tête, se met alors en place avec la complicité de la classe dirigeante ukrainienne, qui en


profite pour s’enrichir. Ceci se passe d’une part sous la houlette indirecte des institutions internationales comme le Fond Monétaire International (FMI), la Banque européenne pour la


Reconstruction et le Développement (BERD), l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), d’autre part sous l’influence directe des groupements d’intérêts et de lobbying de la Chambre Américaine


du Commerce, le Centre pour les relations Ukraino-Etatsuniennes, le Conseil des Affaires Etats-Unis Ukraine et la European Business Association. 


Aux yeux des fonds d’investissements et des banques impérialistes, les opportunités qu’offrent l’Ukraine sont nombreuses : des grandes entreprises étatiques, qui vont s’ouvrir à la


privatisation, aux immenses terres arables (dont la surface dépasse la taille de l’Italie) en passant par les minerais et les terres rares d’une immense importance stratégique . Parmi les


secteurs visés, on peut citer la sidérurgie, où le géant européen Arcellor-Mittal va racheter à bas coûts usines et combinats, le cas le plus emblématique étant l’acquisition en 2005 de


l’usine géante de Kryviy Rih pour 4,8 milliards d’euros,. Une première vente de l’usine pour 800 millions d’euros à des oligarques ukrainiens proches des dirigeants russes avait été annulée


par la justice après l’arrivée au pouvoir de Ioulia Tymoshenko, une oligarque réputée proche des intérêts européens. 


Cette suspension sera récompensée par le déblocage d’un prêt de 5 milliards d’euros par le FMI. Le processus de spoliation des terres a officiellement commencé avec la possibilité pour des


particuliers ukrainiens d’acheter jusqu’à 100 hectares sur une plateforme en ligne ou de vendre leurs terres, entre juillet 2021 et décembre 2023. De plus, à compter du 1er janvier 2024, les


particuliers ou les entreprises ukrainiennes disposent du droit d’acheter jusqu’à 10 000 hectares de terres. Finalement, la vente de terres à des entreprises étrangères devait entrer en


vigueur après un référendum fixant ses modalités, un projet porté par le parti de Volodymir Zelensky malgré son impopularité auprès d’environ 80% de la population.


Si ces réformes n’ont pas formellement autorisé les entreprises étrangères à acheter des terres, dans les faits elles n’ont fait qu’accélérer la prise de contrôle effective de ces terres par


des entreprises ukrainiennes détenues par des oligarques ou des capitalistes étrangers, qui contournent déjà la loi en louant les terres et en tirant partie des difficultés à établir une


traçabilité du capital international. Neuf des dix sociétés qui contrôlent le plus de terres en Ukraine sont enregistrées à l’étranger, notamment dans des paradis fiscaux comme le


Luxembourg. Quand bien même ces entreprises seraient encore dirigées par des Ukrainiens, l’ouverture de leur capital aux financements étrangers et les dettes contractées auprès


d’institutions financières occidentales comme la Banque européenne pour la Reconstructions et le Développement ou la Banque européenne d’Investissement, donnent le contrôle effectif de la


production à des acteurs étrangers. C’est ainsi que des investisseurs tels que l’agence d’imports/exports du Danemark ont participé à la restructuration de l’une de plus grandes sociétés


ukrainiennes, UkrLandFarming, qui s’est traduite par des milliers de licenciements. 


En 2024, comme le note Michael Roberts, « les monopoles alimentaires Cargill, Monsanto et DuPont possèdent 40 % des terres arables de l’Ukraine. La société GMA-Monsanto Corporation détient


78 % du fonds foncier de la région de Soumy, 56 % de celui de Tchernihiv, 59 % de Kherson et 47 % de la région de Mykolaïv. Au total, 28 % des terres arables de l’Ukraine appartiennent à un


mélange d’oligarques ukrainiens, de sociétés européennes et nord-américaines, ainsi qu’au fonds souverain d’Arabie saoudite. Nestlé a investi 46 millions de dollars dans une nouvelle usine


dans l’ouest, dans la région de Volyn, tandis que le géant allemand des médicaments et pesticides Bayer prévoit d’investir 60 millions d’euros dans la production de semences de maïs dans la


région centrale de Jytomyr ».


En parallèle de la facilitation de l’entrée des capitaux européens dans le pays, l’Union européenne exige une réforme profonde du droit et du marché du travail. A la suite de la crise des


subprimes de 2008-2009, le gouvernement de l’oligarque Viktor Yanukovych tente d’imposer un nouveau Code du travail mais il se heurte à une contestation vive de la population. Mis dans


l’obligation de rembourser 10 milliards de dollars entre 2011 et 2013 à la banque mondiale et au FMI, et, face