Le cognac en 2024 : les chiffres d’une économie en apnée
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Marché américain en berne, surtaxes chinoises : la filière cognac, longtemps prospère, essuie une tempête inédite. Confrontés à un violent retournement économique en 2023, les viticulteurs
et négociants charentais ont été rattrapés par la crise qui affecte le monde viticole français et notamment les Bordelais. « Les derniers chiffres dont nous disposons font état d’une timide
reprise […]. Peut-être avons-nous touché le fond de la piscine », voulait croire Florent Morillon, le président du Bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC), lors d’une conférence
de presse organisée en novembre dernier. Ces chiffres, désormais consolidés, nous apprennent que 166 millions de bouteilles ont été livrées dans le monde l’an passé. Après avoir fléchi de
4,8 % en 2022 et dévissé de 22,2 % en 2023 (la plus grosse claque depuis le choc pétrolier de 1973), les expéditions se sont stabilisées en 2024 (+ 0,4 %). La courbe s’inverse-t-elle enfin ?
Faut-il s’en réjouir ? La situation n’est pas aussi simple. Les volumes écoulés dans les filiales de distribution d’environ 150 pays ont généré moins d’argent. Le chiffre d’affaires global
s’incline de 10,6 %. Il passe sous la barre symbolique des 3 milliards d’euros : 2 milliards et 992 millions pour être précis. Une raison à cela : les qualités supérieures, chères et
lucratives, ont moins la cote. Le XXO (au moins quatorze ans d’âge) et le XO (au moins dix ans) chutent de 26,4 %. Le VSOP (au moins quatre ans) diminue de 8,6 %. En revanche, le VS (au
moins deux ans) bondit de 13,7 %. Il représente plus de la moitié du total des expéditions. Sur le même sujet L’ASIE EN BAISSE D’un continent à l’autre, les situations demeurent très
contrastées. Avec 70,6 millions de bouteilles, le marché nord-américain (États-Unis, Canada et Mexique) croît de 15,3 % en volume, mais stagne en valeur (moins 1,5 %). Le BNIC y voit les
conséquences du « bon comportement de l’économie américaine et du travail de déstockage ». Avec 47,5 millions de cols, l’Extrême-Orient recule de 16 % en volume et de 24,2 % en valeur, du
fait des ratés de l’économie chinoise, mais surtout de la mise en place par Pékin d’une caution douanière à l’automne dernier. Les affaires en Europe restent compliquées (moins 3,3 % en
volume mais plus 4,4 % en valeur) quand d’autres contrées comme l’Afrique du Sud envoient des signaux jugés « positifs ». Enfin, le marché français (modeste mais pas anecdotique, avec 5,3
millions de bouteilles) se maintient. Quelles tendances ces prochains mois ? Le cognac et son économie en apnée ont-ils vraiment touché « le fond de la piscine » ? La crise s’installe et les
oracles restent muets. Tout dépendra de l’évolution du dossier des surtaxes chinoises et de l’instauration par l’Administration Trump de probables droits de douane de 25 % à la frontière
américaine. LES DIX PREMIERS MARCHÉS 1. États-Unis d’Amérique, 68 millions de bouteilles ; 2. Chine, 29 millions ; 3. Singapour, 15,2 millions ; 4. Afrique du Sud, 8 millions ; 5.
Royaume-Uni : 7,8 millions ; 6. France : 5,3 millions ; 7. Allemagne : 2,5 millions ; 8. Panama : 2,5 millions ; 9. Lettonie : 2 millions ; 10. Lituanie : 1,9 million.