Décolonisation : la France aurait-elle pu garder ses colonies?
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A la veille de la Seconde Guerre mondiale, la France possède plus 11 millions de km2 de territoire dans le monde. Vingt ans plus tard, elle a presque tout perdu. Elle a pourtant tenté
jusqu'au bout de les conserver. De l’Indochine à l’Algérie, de 1918 à 1962, voici l’histoire douloureuse de la décolonisation à la française.
C’était il y a soixante ans. Au cours de l’année 1960, près de 60 millions d’Africains célèbrent l’indépendance de leur pays. Du Cameroun, le 1er janvier, à la Mauritanie, le 28 novembre,
seize anciennes colonies françaises, formées entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe, coupent le lien qui les unit à la métropole. En Côte d’Ivoire, cela se passe le 7 août à minuit,
sous l’œil bienveillant du ministre d’Etat français Louis Jacquinot. Le Premier ministre ivoirien Félix Houphouët-Boigny proclame l’indépendance du pays, « en vertu du droit qu’a tout peuple
à disposer de soi-même ». Le symbole d’une passation de pouvoir pacifique ? Plutôt la fin d’un processus tortueux et souvent sanglant : le démantèlement de l’empire colonial français.
Dès le début de l’aventure coloniale, au XIXe siècle, le sang a coulé.« La lutte anticoloniale débute avec la colonisation », résume l’historien Pierre Singaravélou, historien à l’Université
Paris-I, spécialiste des empires coloniaux. Prenons le Sénégal par exemple. Avant d’en faire une possession française, il a fallu mater l’armée levée par le marabout Mamadou Lamine Dramé
entre 1885 et 1887. Au même moment, Béhanzin, roi du Dahomey (futur Bénin), oppose ses troupes aux Français, avant d’être vaincu en 1892. Quant à la conquête de l’Algérie, commencée en 1830,
elle n’est entièrement achevée qu’après des décennies de combat, en 1902. Mais les deux guerres mondiales vont offrir une autre dimension au combat anticolonial.
Entre 1914 et 1918, au moins 600 000 « coloniaux » sont mobilisés comme soldats ou travailleurs, et 80 000 d’entre eux périssent au combat. Leur sacrifice fait naître chez les colonisés
l’espoir d’un meilleur traitement de la part de la « patrie reconnaissante ». D’autant qu’à la fin du premier conflit mondial, une nouvelle idée émerge comme remède à la guerre, popularisée
par le président américain Woodrow Wilson : le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Un élan d’espoir envahit les colonies. En réalité, le président américain faisait référence aux
peuples des empires allemands austro-hongrois et ottomans, pas à ceux des colonies…
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