"C’est l’histoire de Noël!" Le récit du maire qui a accueilli les deux adolescentes azuréennes en fugue à 1.250 km de chez elles
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"Heureusement, elles sont arrivées dans un village accueillant, avec des gens chaleureux et hospitaliers. Dans un autre village, ça aurait pu se passer autrement..."
Pasquale Taverna, maire de la petite commune italienne de Bianchi, résume bien le sentiment général. Un soulagement sans frontière, qui se passe de mots. L’aventure des deux adolescentes
parties de Vence sans crier gare finit bien. Et ce, grâce à un élan de solidarité exemplaire.
>> RELIRE. Deux adolescentes azuréennes en fugue retrouvées affamées et frigorifiées à 1.300 km de chez elles
Pourtant, la toile de fond de l’histoire n’a rien d’un conte de Noël.
Début décembre, des messages inquiets affluent sur Facebook. Deux Vençoises de 14 ans ont disparu, le 29 novembre, avec la voiture de la grand-mère de l’une d’elles. Aucune trace ni
direction. Et une angoisse indicible pour leurs proches.
"Ce sont deux jeunes filles très amies, explique Pasquale Taverna. Elles disaient vouloir atteindre la Sicile. Mais elles ont dû quitter l’autoroute et prendre une nationale sur vingt
kilomètres." Avant cela, elles avaient laissé à Rome leurs quelques économies. Elles ont été recueillies onze jours et 1.250 km plus tard, exténuées et affamées.
Les carabinieri calabrais, en relation avec les gendarmes azuréens, ont rapidement retracé leur périple. Et alerté les familles. Une enquête pour fugue est en cours avec des auditions,
indique le procureur de la République de Grasse Fabienne Atzori.
Les adolescentes ont rejoint Vence. Sur Facebook, désormais, l’heure est aux ringraziamenti. Merci aux internautes mobilisés. Merci aux habitants de Bianchi. Pour leur maire au grand cœur,
Français et Italiens ont montré là qu’ils "partageaient de profondes valeurs morales".
"C’est l’histoire de Noël!" En concluant son récit, Pasquale Taverna a la voix d’un père autant que d’un maire. Une voix teintée de satisfaction et de chaleur humaine.
Le premier magistrat (sans étiquette) de Bianchi, "petit village de 1.250 habitants" en Calabre, a contribué à offrir une issue heureuse à cette fugue hasardeuse. Loin de tirer la couverture
à lui, il met à l’honneur une chaîne de solidarité exemplaire.
Tout s’est déclenché dans la journée du mardi 10 décembre, à la pointe de la Botte, à 1.250 km et 12 heures de route de Vence.
"Les carabinieri locaux étaient sur la place de Bianchi. Ils ont remarqué deux jeunes filles qui n’étaient pas du coin, témoigne Pasquale. Le major s’est approché pour demander des
nouvelles. Elles ont dit qu’elles attendaient des amis. Mais comme elles ne parlaient pas italien, les gendarmes ont compris qu’elles étaient étrangères."
Les heures s’écoulent. Et ces étranges straniere sont toujours là, désemparées. Cette fois, les carabinieri reviennent leur demander leurs documents d’identité. "Elles n’en avaient pas.
Elles ont donc été conduites à la caserne pour faire le point", explique Pasquale Taverna.
"Une fois dans le bureau, elles ont eu du mal à se faire comprendre, ne parlant pas italien. Ma femme a été appelée, car elle parle français." Coup de chance: Mafalda Scozzafave, l’épouse du
maire, a vécu dans le Jura. "Elle a donné un coup de main comme interprète."
Les investigations peuvent dès lors commencer. Primo: vérifier leur âge. "Elles ont dit qu’elles avaient 18, 19 ans. On a découvert le lendemain qu’elles étaient adolescentes." Vérifications
faites, elles auraient en réalité 14 ans.
Mais l’urgence est ailleurs. Les jeunes filles apparaissent "fatiguées, éprouvées par la situation. Elles étaient un peu craintives, dans un pays dont elles ne parlaient pas la langue. Alors
les carabinieri ont fait preuve de professionnalisme. Ils ont été exceptionnels! Ils les ont beaucoup respectées, leur ont offert aussitôt panini et boissons chaudes. Puis ils se sont
souciés de leur trouver un endroit pour dormir."
Là encore, c’est Mafalda qui apporte la solution. Preuve que, dans cette commune de la province sud-italienne de Cosenza, la solidarité n’est pas un vain mot.
"Ma femme a proposé de les héberger chez nous, témoigne Pasquale Taverna. Elle leur a préparé les lits comme s’il s’agissait de ses petits-enfants. à partir de là, elles se sont senties
tranquillisées. Il y avait le feu, elles se sont réchauffées autour comme si c’était une grande famille."
Famille qui s’est élargie en cours de périple avec un petit chat. "Elles ont demandé si on pouvait lui donner à manger. On lui a donné des polpete [boulettes de viande, ndlr]. L’image était
très touchante!"
Dans la chaleur du foyer de Monsieur le maire, les ados vençoises savourent enfin une bonne nuit de sommeil. Pendant ce temps, leurs familles respectives ont entrepris de les rejoindre,
dévalant la Botte de nuit. Pour ces parents éprouvés, la délivrance survient mercredi matin. Enfin, les retrouvailles. Les embrassades. Et les pleurs libérateurs.
"ça a été un moment très émouvant, affectueux. On voyait la joie des parents", confie Pasquale Taverna, encore ému. Pourtant, les circonstances de leur départ ne prêtaient pas forcément à se
réjouir. Y avait-il de la colère face à leur fugue? "Non. De la déception, oui."
Pour l’heure, il est temps de se retrouver autour d’un café ristretto et d’un bon repas à l’italienne. Même le prêtre du village se joint au café. "La maman de l’une des jeunes filles s’est
rendue à l’église. Elle a ressenti quelque chose de miraculeux", remarque Pasquale Taverna.
Les familles se répandent en "grazie" envers leurs bienfaiteurs. Elles posent avec les carabinieri et l’épouse du maire pour la photo souvenir. Sans Pasquale Taverna. Tout en humilité, le
maire ne tient pas à apparaître. à ses yeux, cet élan de solidarité était juste dans l’ordre des choses. "Cette situation pourrait arriver à chacun de nous. En voyant ces ados, qui n’aurait
pas envie d’aider?"
De cette aventure, le maire de Bianchi retient "la grande humanité des gendarmes, les magistrats..." Mais aussi, la profonde reconnaissance exprimée par les deux Azuréennes. "Elles ont même
dit qu’elles reviendraient chez nous. Nous serons heureux de les accueillir - dans de meilleures conditions!"
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